Paradis perdu

Paradis perdu par Jean-Christophe Mathias (automne 2019), extrait:

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"Au cœur de la Corrèze, entre le vaste massif des Monédières et les pentes boisées des gorges de la Dordogne, une clairière à la pureté étincelante offrait jadis son sourire secret aux animaux qui la connaissaient. Entre hêtres et chênes, les genêts à balais, les houx et les ajoncs se jalousaient une place au soleil. Sur le tapis de mousses, de lierre et de pervenches, ces derniers embaumaient de leur délicate odeur vanillée le rayon qui se posait sur leurs fleurs dorées. L’écureuil et le renardeau s’y cachaient, le pic noir s’y réfugiait, le milan royal et le grand corbeau la survolaient. Sur l’un de ses côtés, une ancienne mare recouverte de nénuphars offrait le gîte et le couvert aux grenouilles vertes qui aimaient y bronzer sur la plage verdoyante. Les racines d’une aubépine y plongeaient, comme pour mieux nourrir l’éclatante blancheur qui ornait ses rameaux annonciateurs des lueurs printanières. Le lézard vert traversait la clairière comme l’aurait fait un martin-pêcheur sur un ruisseau de ses reflets cuivrés. Se levant sous un fin voile de brume ou s’endormant bercée par les derniers rayons du soleil couchant slalomant entre les troncs, la clairière semblait un havre de paix autant qu’un îlot de sagesse."

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