top of page

Historique du 21e Régiment d'Infanterie

Le 5 août 1914, le 21e Régiment d’Infanterie est cantonné à Baccarat (Meurthe-et-Moselle) et Rambervillers (Vosges) ; le 2e Bataillon est envoyé à Saint-Dié-des-Vosges (Vosges) où il arrive le lendemain à 1h30 après 30 kilomètres de marche.

Jean 21E.png

Jean Mathias en uniforme du 21e R.I.

(photo A. Tallon, 5 rue Lombard à Langres)

Selon la fiche matricule de Jean Mathias [N°1213, bureau de recrutement de Magnac-Laval, classe 1908, Archives départementales de la Charente: cote 1 RPROV 189], il a été au 21e Régiment d'Infanterie du 3 août 1914 (date de son arrivée au corps) au 20 juillet 1915 (date de son passage au 21e Régiment de Chasseurs). Le 21e R.I. est basé à Langres (Haute-Marne) : la photographie d’une section de la 7e Compagnie du 21e R.I. (classe 1908) conservée dans les archives personnelles de Marcel Mathias a également été prise par A. Tallon, photographe à Langres. On peut en déduire que Jean Mathias, le père de Marcel Mathias, a été affecté à la 7e Compagnie du 2e Bataillon du 21e Régiment d’Infanterie.

 

 

Le 5 août 1914, le 21e Régiment d’Infanterie est cantonné à Baccarat (Meurthe-et-Moselle) et Rambervillers (Vosges) ; le 2e Bataillon est envoyé à Saint-Dié-des-Vosges (Vosges) où il arrive le lendemain à 1h30 après 30 kilomètres de marche.

​

Du 6 août 1914 au 24 septembre 1914, Jean Mathias est en campagne double, positionné aux armées (c’est-à-dire au front).

​

Le 6 août 1914, le Journal des Marches et Opérations du 21e R.I. indique qu’il se trouve aux Raids de Robache (au nord de Saint-Dié-des-Vosges) :

"Départ du 21e (7 Compagnies) à 11h pour les Raids de Robache : arrivée à 13h : installation en cantonnement d’alerte et serré. L’effectif des Compagnies dépasse 250 hommes : excellent esprit partout. Lu le Message du Président de la République. On cantonne les 3 Compagnies du 2e Bataillon aux Raids de Robache (...)" Le 8 août 1914 : "nous apprenons que la droite de notre armée a pénétré en Alsace et que nous tenons la ligne Cernay-Altkirch" (à l’ouest et au sud-ouest de Mulhouse, dans l’actuel Haut-Rhin, au sud de l’Alsace, près de Territoire de Belfort et de la Suisse). Le régiment fait face au Col de Saales, qui délimite des Vosges et l’Alsace, donc la France et l’Allemagne. Le 9 août, le 2e Bataillon du 21e R.I. dirigé par le Commandant Faivre reçoit l’ordre d’occuper le Ban-de-Sapt (environ 10 km à l’ouest du col de Saales) pour relever le 3e Bataillon de Chasseurs. Le 10 août 1914, le 21e R.I. reçoit l’ordre d’attaquer le col du Hantz : le 2e Bataillon fait partie de la colonne du sud sous les ordres du Colonel Frisch ; mais au moment d’attaquer, l’ennemi débouche de Saales ; le 2e bataillon du 21e "est porté au col du Las et au-delà" (quelques kilomètres à l’ouest du col de Saales) puis retourne dans les cantonnements : "2e Bataillon : 2 Compagnies au col du Las – 2 Compagnies à Nayemont". Le 11 août, le 2e bataillon est aux avant-postes au col du Las. "Des prisonniers faits par le 17e et le 21e sont amenés au Colonel qui les interroge. Tous sont alsaciens sauf deux. On ramasse une centaine de sacs, des fusils sont épars. Des réservistes allemands ont fui à travers bois et on en ramasse de tous côtés. L’effet du tir de l’artillerie française sur les tranchées est effrayant : des dizaines d’hommes sont morts derrière ces abris. A 17h ordre au Commandant du 2e Bataillon de rester au col du Las." Le 12 août, le J.M.O. du 21e indique : "On apprend que Saales est à peine occupé par l’ennemi. L’artillerie canonne toujours et, paraît-il, en pure perte, les tranchées ennemies étant abandonnées. (…) Rencontré au col du Las le cadavre d’un cheval, l’air est empesté, que sera-ce lorsqu’il y en aura des centaines ? Le Colonel n’a pas de commandement aujourd’hui."

Le 14 août, le 21e R.I. est en Alsace, au nord du col de Saales et à l’est du col de Hantz, dans l’actuel Bas-Rhin :

"Bataille de Plaine. Dès 4h les obus allemands pleuvent sur le cantonnement de Saulxures où le Régiment est entassé. L’artillerie française répond énergiquement. Le 109e forme l’avant-garde et attaque à fond. L’artillerie allemande lui fait beaucoup de mal : le lendemain il accuse près de 500 disparus. Le 21e forme le gros de la colonne. (…) Le 2e Bataillon est engagé ; l’ennemi est chargé et repoussé. L’artillerie ennemie est détruite. 4 officiers sont blessés, dont le Colonel d’une balle à la poitrine. (…) Deux villages incendiés par l’artillerie française : Plaine et Diespach. (…) Des blessés allemands sont soignés à Diespach. (…) Le Chef de Bataillon Faivre prend le commandement du régiment. 

15 août Stationnement. La position ennemie est tenue par les 3 Bataillons du 21e : 2e à l’ouest, 1er à l’est au signal de Diespach, 3e au centre. Partout on s’est retranché. Les pertes du 21e pour le 14 août sont de 9 tués (6 à la 6e Compagnie, 3 à la 7e Compagnie), 54 blessés et 7 disparus." La 7e Compagnie est celle dont Jean Mathias fait partie.

"16 août : Offensive. Le 21e par Salm va cantonner à Vacquenoux (dans la forêt du Donon, à l’est de Schirmeck, le long de la frontière) où il arrive à 19h. 2 Bataillons fournissent les avant-postes, face au Nord : le 3e à la côte 567, le 2e à la côte 619." Le 17 août, les 1er et 2e bataillons du 21e sont en soutien du 109e R.I. "dans le voisinage de la voie ferrée, rive gauche de la Bruche. 18 août : Offensive. Le 21e marche sur Hersbach puis sur le signal de Russ" (3 kilomètres au nord-est de Schirmeck, en allant vers Strasbourg). Le J.M.O. du 21e indique que l’infanterie française "va vers le signal de Grendelbrüch lorsque tout à coup notre propre artillerie prenant notre ligne de tirailleurs pour l’ennemi lui-même lui envoie 12 obus (2 hommes sont tués et 6 blessés). (…) L’ennemi a massé de fortes réserves vers le signal et dans les bois sur notre droite. L’instant est critique. (…) 259 hommes sont tués, blessés ou disparus. Sous des feux d’une intensité épouvantable, la chaîne recule et la retraite s’effectue dans un ordre extraordinaire, partie sur Russ, partie sur la rive droite de la Bruche. Tous les hommes se retirent avec leurs sacs et leurs fusils. Le régiment cantonne à Schirmeck et les unités engagées et si cruellement éprouvées vont se réorganiser dans la matinée du 19 août. Pendant cette journée (2 Compagnies sont restées à Schirmeck à la garde du Quartier Général (6e et 7e) (…)

19 août 1914

Les villages d’Hersbach et de Russ qui sont restés en notre pouvoir pendant la nuit du 18 au 19 sont organisés défensivement et tenus par les 6 Compagnies qui n’ont pas été engagées la veille. L’ennemi reprend l’offensive et canonne furieusement nos positions. (…) Les autres Compagnies, 5e, 6e, 7e et 8e tiennent le village d’Hersbach. Vers 10h sous un feu intense d’artillerie et de mousqueterie, les 10e et 11e Compagnies sont débordées à l’ouest et le village est menacé d’être encerclé. Le Chef de Bataillon Faivre donne l’ordre d’évacuer le village et de se retirer sur Schirmeck et Vacquenoux. La retraite s’effectue en ordre, les unités se reformant à Fréconrupt (à l’ouest de Schirmeck) et où le Régiment reçoit l’ordre de se porter au Donon." [le Donon est un col situé à la limite occidentale de l’Alsace (actuel Bas-Rhin), tout près des départements des Vosges et de la Moselle]

"20 août

Après avoir bivouaqué au col de Fraye, le régiment arrive le 20 au Donon où il se réapprovisionne en vivres et en munitions. Vers 12h il reçoit l’ordre de se tenir prêt à marcher. A 16h le 2e Bataillon est porté sur Frémifontaine pour appuyer 2 Bataillons de chasseurs qui ont pour mission de s’emparer du village de Frémifontaine. (il s’agit probablement de l’actuel village de Grandfontaine) Il passe la nuit dans les bois qui enveloppent ce village. Faute d’ensemble dans l’attaque, celle-ci échoue et le Bataillon reçoit l’ordre de remonter au Donon où il arrive vers le 21e vers 12h. (…)

21 août

Pendant la nuit du 20 au 21 août, le 1er Bataillon est alerté et envoyé pour coopérer à la reprise du Donon dont l’ennemi s’est emparé à la faveur des bois. L’attaque faite sans aucune préparation par l’artillerie échoue malgré le courage des hommes déjà très éprouvés par trois jours de lutte. Le 1er Bataillon perd près de 180 hommes. Vers 12h ce Bataillon se retire. Le moral reste bon malgré ce revers. (…) Vers 12h la 13e Division se retire dans la vallée de la Plaine. L’infanterie ennemie ne sort pas du Donon et aucune poursuite n’est faite. Vers 14h le régiment cantonne à Raon-sur-Plaine. Le moral se maintient bon : presque tous les hommes ont gardé leur sac.

[Raon-sur-Plaine à l’extrémité nord-est du département des Vosges, à la limite de la Meurthe-et-Moselle et de l’Alsace, c’est-à-dire à la frontière entre la France et l’Allemagne en 1914]

22 août

Vers 6h la 26e Brigade reçoit l’ordre de barrer la vallée en arrière de Raon-sur-Plaine. 3e Bataillon au Nord, 2e Bataillon au Nord également sur les sommets et gardant le nœud de chemins qui permettent de tourner la ligne vers l’ouest (…)

[il s’agit donc des sommets allant de 750 m à 800 m d’altitude environ, située dans la forêt alsacienne enclavée entre les actuels départements de Moselle, Meurthe-et-Moselle et Vosges]

Vers 10h le 2e Bataillon est envoyé au sud dans la direction du col de Fraye ; en cours d’exécution, le mouvement est arrêté. Pendant toute la matinée, l’ennemi a montré peu d’infanterie, il n’agit guère que par ses mitrailleuses, l’artillerie allemande se manifeste faiblement. (…) Barrage entre Celles et Allarmont (… 2e Bataillon à Celles).

[Celles-sur-Plaine se situe à la limite entre la Meurthe-et-Moselle et les Vosges, environ 10 kilomètres au nord-est de Raon-l’Étape, environ 15 kilomètres à l’ouest de l’Alsace]

23 août

Le 1er Bataillon est maintenu au barrage de la scierie où, pendant l’après-midi, il est soumis à un feu intense d’artillerie qui reste sans effet. Le soir la 2e Compagnie se retire sans ordre du Chef de Bataillon ; son départ ayant découvert la gauche, le reste du Bataillon se replie à hauteur de la Planée, le 2e Bataillon envoie 2 Compagnies (7e et 8e) sur la rive droite du ruisseau de Plaine pour tenir le Col de la Chapelotte où elles n’arrivent qu’à la nuit."

[Le Col de la Chapelotte (484 m) se situe au nord du lac de la Pierre-Percée, entre Badonviller (Meurthe-etMoselle) et le ruisseau de la Plaine qui délimite la Meurthe-et-Moselle du département des Vosges]

Le 24 août 1914, les allemands s’emparent de Celles-sur-Plaine ; il y a 150 morts côté français. Le 21e R.U. se replie à Étival. Étival-Clairefontaine (Vosges) se situe 5 kilomètres au sud-est de Raon-l’Étape, en direction de Saint-Dié-des-Vosges.

"25 août

Arrivée et amalgame de 500 réservistes ; le Régiment est dirigé vers 5h sur le bois de Répy dont il doit assurer la garde : il subit la canonnade pendant la plus grande partie de la journée. Le 3e Bataillon occupe les pentes Nord du Bois, le 2e est à la Petite Chatelle, le 1er en réserve sur le plateau. (…) A 18h le régiment reçoit l’ordre de se rendre à la Chipotte (col) où le Régiment bivouaque. Le Col de la Chipotte se site entre Raon-l’Étape et Rambervillers.

26 août

A 5h le 1er Bataillon attaque la Haute Neuveville, le 2e Bataillon réoccupe les positions de la veille et Bois de Répy, le 3e Bataillon en réserve au col de la Chipotte. Après une marche de nuit sous bois, le régiment bivouaque non loin du col de la Chipotte près de la route d’Étival.

27 août

(…) Les 2e et 3e Bataillons sont envoyés à la Chipotte où ils bivouaquent.

28 août

Le 1er Bataillon reste à la Grande-Carré et se porte à 5h en soutien des 2e et 3e Bataillons qui ont été envoyés à la Chipotte relever le 109e et qui viennent d’être attaqués au col. Les 2e et 3e Bataillons rétrogradent sur Saint-Benoist après des pertes sérieuses. Le 1er Bataillon à 18 blessés et 3 tués. Cantonnement-bivouac du 1er Bataillon à Saint-Benoist. Les débris des 2e et 3e Bataillons cantonnent à Bru et Jeanménil. [qui se situent 2 kilomètres à l’est de Rambervillers]

29 août

Rassemblement du Régiment à Larifontaine où il se reforme. Nominations de sous-officiers et caporaux. Dexu aéroplanes allemands survolent le Régiment dissimulé sous des boqueteaux. Pas d’incidents pendant cette journée. Le Régiment cantonne à Larifontaine. [Larifontaine est un hameau de la commune de Jeanménil (Vosges), situé entre Bru et Jeanménil]

30 août

Le Régiment stationne à Larifontaine. A 18h il reçoit l’ordre de cantonner à Jeanménil.

31 août

Le Régiment, réserve de Corps d’armée reçoit l’ordre de stationner au sud de Jeanménil face au Nord. Vesr 18h le Régiment est survolé par deux aéroplanes allemands ; l’un d’eux lance une bombe qui ne fait aucun mal. Vesr 19h le Régiment reçoit l’ordre de cantonner à Jeanménil. Entendu vers l’est et le nord une forte canonnade.

1er septembre 1914

Le Régiment, réserve d’armée, reçoit l’ordre de stationner au sud de Jeanménil (cote 339) face au Nord et de mettre les lisières Nord et Ouest du village en état de défense. Le Régiment établit deux lignes de défense : tranchées pour la 1e ligne, tranchées et murs pour la seconde qui est très rapprochée de la lisière même du village. Entendu une forte canonnade vers l’Est et le Nord. Vers 19h le Régiment alerté occupe avec un Bataillon les lignes de défense à l’Est du village (1er Bataillon). Les 2e et 3e Bataillons sont tenus en réserve au sud du village. A 20h le Régiment reçoit l’ordre de cantonner à Jeanménil.

2 septembre

Le Régiment toujours en réserve d’armée réoccupe les emplacements de la journée du 1er septembre.

3 septembre

Le Régiment reçoit l’ordre à 15h de se tenir prêt à partir. On entend dans la direction du Nord-Est une violente canonnade. A 20h le Régiment reçoit l’ordre de se rendre à Longchamps où il bivouaquera en attendant d’être embarqué pour le Nord, dit-on. A 21h contre-ordre. Le Régiment doit attendre de nouveaux ordres. A 23h on entend une canonnade du côté du Nord-Est. A 23h30 le Régiment reçoit l’ordre de se rendre à Laveline-près-Bruyères pour s’y embarquer. Départ du Régiment le 4 septembre à 1h. [il s’agit très probablement de Laveline-devant-Bruyères (Vosges), environ 25 kilomètres à l’est d’Épinal et 20 kilomètres au nord-ouest de Gérardmer]

4 septembre

Le Régiment part à 1h pour Laveline où il arrive vers 6h. Le Régiment doit s’embarquer en trois échelons. Par suite d’un retard dans l’arrivée du train qui doit emmener le 1er échelon, celui-ci composé du 2e Bataillon, Compagnie Hors-Rang, État-Major de la Brigade et du Régiment ne part qu’à 13h au lieu de 9h.

​

​

Le 24 septembre 1914, Jean Mathias est blessé au combat de la Pompelle.

​

L’historique sommaire du 21e Régiment d’Infanterie (Imprimerie Moderne, Langres, 1920) ne mentionne pas la Pompelle. En revanche, tout comme l’historique du 138e R.I., il cite ces 3 communes du département de la Marne situées à l’est de Reims :

- Sompuis (au sud-est de Reims, au sud de la Marne) ;

- Somme-Suippe (à l’est de Suippes) ;

- Perthes-lès-Hurlus (commune de Souain, au nord de Suippes).

Somme-Suippe et Souain-Perthes-lès-Hurlus se situent à l’est de Reims, au nord de la Marne, à environ 40 km à l’est-sud-est du fort de la Pompelle.

 

Voici le descriptif du parcours du 21e R.I. lors de sa campagne de la Marne en septembre 1914:

 

"Les coups de chaleur avaient été très nombreux et tout le monde avait donné le maximum de force.

Ce fut, à partir du 8 septembre, la lutte sur place avec des alternatives de recul et d’avance, puis l’avance qui permit de constater l’efficacité des tirs par le nombre de cadavres ennemis rencontrés, et enfin, un dernier violent sursaut de l’ennemi le long de la voie ferrée SOMME-SOUS à SOMPUIS.

Le 1er bataillon lutte toute une soirée et une nuit le long du talus de la voie ferrée, tandis que les Allemands occupent le bord nord du talus.

Les deux adversaires ne sont séparés que par quelques mètres. Le sergent BLOUCTET, du 1er bataillon, occupant la lucarne du grenier d’une maison, abat à lui seul 17 Allemands. Enfin, le 11 septembre, à 5 heures du matin, l’ennemi se replie et l’on peut voir l’importance de ses pertes en comptant les innombrables cadavres jalonnant les positions qu’il vient d’abandonner.

C’est la poursuite sous la pluie, sans repos ni trève, par SOMPUIS, COOLE, COUPETZ, MARSON, CUPERLY, BUSSY-le-CHATEAU, SOMME-SUIPPES, Mais l’ennemi a six heures d’avance, les ponts de la Marne sont détruits et le contact est perdu. Il ne sera réellement repris que le 14 septembre devant le Bois Sabot au Nord de SUIPPES. Là, l’ennemi fait tête, il s’enterre et nous manquons de munitions d’artillerie. Du 14 au 30 Septembre, le Régiment tient la première ligne devant le bois Sabot et repousse tous les efforts de l’ennemi. Le 19 septembre, les Allemands attaquent SOUAIN que le 149e leur avait enlevé, prolongent leur attaque jusque contre les positions qu’occupe la 4e compagnie mais ils ne peuvent l’aborder ; bien peu des assaillants échappent à nos balles. Le 30 septembre, ordre d’attaquer le bois Sabot puissamment fortifié et sans préparation d’artillerie. (…)

Pendant toute cette période du 14 au 30 septembre, les engagements de patrouilles entre les lignes distantes de quatre à sept cents mètres et dans un terrain broussailleux avaient été nombreux, ils avaient donné lieu à de nombreux actes de courage. C’est ainsi que, le 18 septembre, des trois patrouilles envoyées pour reconnaître la ligne ennemie, deux hommes seulement rentrent et sans pouvoir donner de renseignements. On demande des volontaires ; le Caporal NEVEUX (6e compagnie) et quelques hommes se présentent ; ils partent en reconnaissance et sont anéantis en quelques minutes.

Le Régiment venait de passer, devant le bois SABOT, quinze jours dans la craie, sans eau et souvent sans nourriture ; la dysentrie commençait ses ravages.

Le lieutenant-Colonel FAIVRE, pleuré par tout le Régiment, avait été tué par une balle perdue. Le Commandant GENTELET prenait le commandement du Régiment."

Le J.M.O. du 21e R.I. décrit ainsi les événements de septembre 1914 :

"Le train se dirige sur Mirecourt, Sorcy puis Joinville. Le Régiment arrive le 5 septembre au quai d’embarquement de Rupt à 5h. Après une grand’halte, le 2e Bataillon est dirigé vers Dommartin-le-Franc où il cantonne. (…)

[village de Haute-Marne situé à environ 15 km à l’ouest de Joinville et un peu moins de 30 km au sud de Saint-Dizier]

6 septembre

Mêmes cantonnements. Arrivée par automobile de Langres à 8h de matériel demandé la veille (1200 couvre-pieds, étuis-musettes et autre matériel). Arrivée à 12h de 472 réservistes qui sont répartis dans les Compagnies. Les Compagnies sont à l’exercice dans l’après-midi.

7 septembre

Le Régiment part à 4h et après une marche de 32 kilomètres cantonne à Bailly-le-Franc (village situé à l’extrémité nord-est du département de l’Aube, à la limite de la Marne et de la Haute-Marne, quelques kilomètres au sud-ouest du lac du Der-Chantecoq). Pendant la marche, on entend une violente canonnade dans la direction du Nord. Le soir on apprend que les Allemands ont été chassés de Vitry.

8 septembre

Départ à 1h30. Après une marche de 28 kilomètres vers l’Ouest, le régiment bivouaque au signal sauf le 2e Bataillon qui cantonne à Saint-Ouen. Disette d’eau. Il s’agit probablement de Saint-Ouen-Domprot dans le sud de la Marne, à l’est du camp militaire de Mailly, à la limite de l’Aube. Le 9 septembre 1914, le 2e Bataillon du 21e R.I. est en réserve de la 13e Division et bivouaque avec le régiment à la ferme de Laval-Lecomte.

10 septembre

Les 2e et 3e Bataillons restent en réserve de la Division et suivent le mouvement vers le Nord. Direction générale : Sompuis. (Marne, à la limite de l’Aube, une quinzaine de kilomètres à l’ouest de Vitry-le-François) On apprend que la 9e Armée a remporté sur notre gauche un grand succès. Vers midi, arrivée du Commandant de l’Armée qui ordonne de marcher et d’attaquer vigoureusement l’ennemi en retraite dans la direction du Nord. En exécution de cet ordre, la 13e Division se dirige vers Sompuis. Ce village est violemment bombardé par les obusiers allemands. Les fractions engagées au Nord de la voie ferrée se fusillent avec des forces allemandes retranchées au Nord de la voie ferrée. La nuit met fin à la fusillade et à la canonnade. Le village de Sompuis est à moitié détruit.

11 septembre

Continuation de la poursuite dans le sens général du Nord (…) Le Régiment cantonne à Coupetz.

[Coupetz se situe à mi-chemin entre Sompuis et Châlons-sur-Marne, une dizaine de kilomètres à l’ouest de la Marne]

12 septembre

Continuation de la marche vers le Nord où se retire l’armée allemande. Le Régiment franchit la Marne et les ponts du canal à Saint-Germain. Le Régiment cantonne à Saint-Julien (hameau de Courtissoles). Pendant la nuit, pluie et tempête. [Curtissoles se situe à une dizaine de kilomètres au Nord-Est de Châlons-sur-Marne.]

13 septembre

Départ de Saint-Julien à 7h30. Continuation de la poursuite. Le 1er Bataillon met Somme-Suippes en état de défense et cantonne à Bucy-le-Château. Le 2e Bataillon fait de même. (…)

[Somme-Suippe se situe à 4 kilomètres à l’est de Suippes, entre les camps militaires de Suippes et de Mourmelon, une quarantaine de kilomètres à l’est de Reims. Bussy-le-Château est environ 8 kilomètres plus au sud.]

14 septembre

Le 1er Bataillon marche sur Somme-Py mais est arrêté devant le bois Sabot entre Souain et Perthes (…). Le 2e Bataillon prend position entre Suippes et Souain en réserve à la ferme Loison (inscrit « cabane » sur carte E.M.) (…) Le régiment est soumis à un bombardement intense. Coups de feu continuels. [Souain se situe à 6 km au nord de Suippes en direction de Sommepy-Tahure. Perthes-lès-Hurlus (ruines) se situe sur la commune de Souain-Perthes-lès-Hurlus, aujourd’hui au milieu du camp militaire de Suippes (zone interdite), légèrement au nord d’une ancienne voie romaine qui traverse le camp d’est en ouest. Ce village se situe juste à côté de Le Mesnil-lès-Hurlus, autre village en ruines au cœur du camp militaire susnommé : c’est là que sera blessé le Capitaine Charles de Gaulle, du 33e Régiment d’Infanterie, en mars 1915]

15 septembre 1914

(…) Le 2e construit des tranchés ainsi que le 3e. (…) Pendant la nuit, les Allemands exécutent des reconnaissances par le feu qui alertent tout le monde à plusieurs reprises surtout de 23h à 4h sous une pluie battante (6 tués, 38 blessés, 8 disparus les 14 et 15 septembre).

16 septembre

Même emplacements pour les 1er et 2e Bataillons. (…)

17 septembre

(…) Le 2e Bataillon ne bouge pas. (…) Bombardement intense toute la journée (1 tué, 14 blessés). Les 3 Bataillons, très fatigués, vont bivouaquer par une pluie battante près de la voie romaine de Souain à Perthes.

18 septembre

Le régiment va reprendre ses anciens emplacements vers 9h du matin et essaye d’attaquer. (…) Vers 18h le régiment revient à ses anciens emplacements. L’état sanitaire devient très mauvais ; dysenterie générale due à la fatigue et au manque d’eau potable.

19 septembre

Les Allemands attaquent sans succès par la ravin du bois Sabot. Le régiment les repousse facilement et continue à aménager ses tranchées (7 tués, 52 blessés, 5 disparus).

20 septembre

Mêmes emplacements : relève des Compagnies du 1re ligne. Quelques coups de feu isolés (6 tués – 11 blessés – 1 disparu).

21 septembre

Mêmes emplacements (2 tués – 5 blessés).

22 septembre

Mêmes emplacements (2 blessés).

23 septembre

Mêmes emplacements. Le temps était heureusement beau depuis plusieurs jours mais le régiment qui tenait les tranchées depuis le 14 en est relevé assez fatigué. Le 1er Bataillon va au repos à Suippes. Les 2e et 3 restent à leurs emplacements. Les Allemands font dans la soirée une tentative d’attaque.

24 septembre

Mêmes emplacements. Le 1er Bataillon est rappelé brusquement pour parer à une attaque allemande vers le moulin de Souain en soutien des chasseurs à pied et ne rentre que la nuit. Le Colonel Faivre est tué vers 17h par une balle perdue. Quelques coups de feu isolés (4 tués – 6 blessés). A partir du 24, les tranchées sont tenues par 2 Bataillons, un restant en réserve ; mais pratiquement, le 3e Bataillon est resté en 1re ligne jusqu’au 1er octobre.

25 septembre

Mêmes emplacements. Fusillade toute la nuit (13 blessés). L’épidémie de dysenterie prend des proportions inquiétantes ; beaucoup d’évacuations.

26 septembre

Mêmes emplacements. L’artillerie allemande commence un tir méthodique sur toute notre ligne (5 tués, 20 blessés).

27 septembre

Mêmes emplacements ; fusillade intermittente (1 tué, 3 blessés)

28 septembre

Mêmes emplacements ; fusillade peu intense (1 tué, 2 blessés)

29 septembre

Mêmes emplacements (1 tué, 1 blessé)

30 septembre

Sur l’ordre du Général Baquet Commandant la 13e Division, attaque des tranchées allemandes à 8h du matin par les 3e et 4e Compagnies ; 1re et 2e en soutien dans le bois. L’attaque échoue complètement ; les Compagnies fauchées par les mitrailleuses ne font pas 50m en avant (41 tués, 115 blessés, 12 disparus).

1er octobre 1914

A 4h du matin, le Régiment est brusquement relevé par le 7e R.I. (…). Il se rassemble au kilomètre 5 près de la voie romaine, part à 6h et cantonne à Vadenay vers 17h. A 8h du soir, il reçoit l’ordre de partir immédiatement pour Châlons-sur-Marne où il embarque." [Vadenay se situe à une dizaine de kilomètres au nord de Châlons, et à moins de 30 kilomètres au sud-est du fort de la Pompelle.]

​

Du 25 septembre 1914 au 24 septembre 1915, Jean Mathias est en campagne double, en position intérieure, blessé.

​

Il est probable que Jean Mathias ait été affecté à l’arrière, par exemple à une fonction logistique, et qu’il a donc suivi son régiment sans participer directement aux combats, de fin septembre 1914 à juin 1915. Début octobre 1914, le 21e R.I. est envoyé défendre Lille (Nord) ; le 2e Bataillon combat à Loos-lès-Lille et Ronchin, dans la banlieue sud de la ville : il y livre un « violent combat », est « ravitaillé par les habitants de Lille » puis, « réduit à 3 sections », est envoyé à Loos-lès-Lens (Pas-de-Calais, aujourd’hui Loos-en-Gohelle, au nord de Lens). Le 21e R.I. combat aux abords de la colline de la Chapelle Notre-Dame-de-Lorette (Pas-de-Calais), l’arrière étant à Aix-Noulette. La première quinzaine d’octobre 1914 "a été très fatigante pour le Régiment qui pour la première fois avait expérimenté la violence d’un bombardement allemand pendant 48 heures. La dysenterie fait de grands progrès. Presque tous les outils sont perdus. Les tranchées de Noulette ont été creusées en partie avec des gamelles, des fourchettes et des cuillers." (J.M.O. du 21e R.I.). Puis le 21e est envoyé à Vermelles, Sailly et Béthune. Fin décembre 1914, le 21e R.I. côtoie le 21e Régiment de Chasseurs, notamment dans une attaque vaine de la colline de Notre-Dame-de-Lorette. Le 21e R.I. sera dans les alentours de la colline Notre-Dame-de-Lorette pendant tout le début de l’année 1915, jusqu’à l’attaque du mois de mai 1915, qui se soldera par le bilan suivant : 7 officiers, 22 sous-officiers et 204 hommes tués et 6 officiers, 42 sous-officiers et 644 hommes blessés. Une nouvelle attaque du 11 au 19 juin 1915 aura pour bilan : 11 sous-officiers et 120 hommes tués, 402 blessés par obus, 103 par balles et 10 par grenades, et 6 sous-officiers et 120 soldats disparus.

​

​

Historique du 21e Régiment de Chasseurs

JEAN CHASSEURS.png

Jean Mathias en uniforme du 21e Régiment de Chasseurs

(photographie A. Bastier, 33 boulevard Louis Blanc à Limoges)

Le 20 juillet 1915, Jean Mathias passe au 21e Régiment de Chasseurs.

​

Ce jour-là, selon de Journal des Marches et Opérations du 21e Régiment de Chasseurs, un concours de tir est organisé "au champ de tir du Bataillon sur la route d’Heuchin", le cantonnement du Régiment étant à Fiefs (à l’ouest de Béthune, Pas-de-Calais). Le 27 juillet 1915, le 21e Chasseurs embarque en automobile et est débarqué à l’ouest de Notre-Dame-de-Lorette afin de faire des relèves dans le secteur de Lorette. Les 28 et 29 juillet, des bombardements des pentes Est et Nord-Est du plateau de Lorette sont signalés. Les grenadiers-pionniers améliorent les tranchées. Le 24 août 1915, les compagnies présentes à Lorette "rejoignent à Fiefs les autres unités du Bataillon qui y sont cantonnées". On peut donc supposer que Jean Mathias était à Fiefs du 20 juillet à la fin août 1915.

Début septembre 1915, le 21e Chasseurs est de nouveau envoyé autour de Notre-Dame-de-Lorette, au Champignon. Le 21 septembre, un "bombardement très violent" durant 10 heures est signalé : "A trois reprises différentes, notre artillerie de campagne tire trop court et blesse des hommes." 25 septembre 1915 : "Le jour J est fixé au 25 septembre, l’heure H = 12h25 : la Xe Armée toute entière exécute une attaque générale, dans le but de rompre de front ennemi. Cette attaque a été préparée par 4 jours de bombardement intensif, elle dispose de moyens formidables." Le 21e Régiment de Chasseurs comptera ce jour-là 70 tués, 217 blessés et 58 disparus.

​

bottom of page