Historique du 338e Régiment d'Infanterie
Selon la fiche matricule de Joseph Eugène Armand Réjaud [N°443, bureau de recrutement de Magnac-Laval, classe 1905, Archives départementales de la Haute-Vienne, cote 1 R 660], il était affecté au 138e Régiment d'Infanterie (le régiment de Simon Mathias). Mais en septembre 1914, il était plus probablement au 338e R.I. (il aurait aussi pu y avoir confusion sur la fiche matricule de Joseph Eugène Armand Réjaud entre le 138e et le 318e R.I., ce dernier se trouvant aussi dans le même secteur à cette date : selon l’Historique officiel du 318e Régiment d’Infanterie, celui-ci part de Berneuil-sur-Aisne le 23 septembre 1914, se porte sur Berry puis Vingré par Vic-sur-Aisne ; les 24 et 25 septembre 1914, le 318e est de nouveau à Bitry et Saint-Pierre-de-Bitry, entre Vic-sur-Aisne et Attichy / Cette hypothèse est cependant bien moins probable car le 318e R.I. a été créé le 2 août 1914 à Quimper, en Bretagne).
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Le 24 septembre 1914, Joseph Eugène Armand Réjaud est fait prisonnier à Attichy (Oise).
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Attichy (Oise) se situe entre Vic-sur-Aisne et Soissons à l’est (Aisne), Berneuil-sur-Aisne, Rethondes et Compiègne à l’ouest (Oise), environ 90 km à l’ouest de Reims (Marne). Il y a donc probablement une erreur sur sa fiche militaire individuelle : sur celle-ci, il est affecté au 138e R.I., qui se trouve ce jour-là à la Pompelle, c’est-à-dire à une centaine de kilomètres d’Attichy. En revanche, le 338e R.I. - régiment de réserve du 138e R.I. - part de Crépy-en-Valois (Oise) le 12 septembre 1914 vers le Nord-Est, arrive à Roy-Saint-Nicolas et Hautefontaine (à la limite des départements de l’Oise et de l’Aisne) et reçoit l’ordre de marcher sur Jaulzy, qui n’est séparée d’Attichy que par un pont sur l’Aisne. La commune d’Attichy s’étend au nord du bourg d’Attichy jusqu’au niveau d’Offémont au nord-ouest et de Moulin-sous-Touvent au nord-est.
Voici le description du J.M.O. du 338e R.I. :
"Journée très fatiguante. Depuis le départ (2h30) jusqu’à l’arrivée (9h30) pas de grande halte et pas de distribution. Une pluie forte et persistante a rendu les champs et les chemins impraticables. La marche sur Jaulzy dans la poussière a eu lieu sous un feu violent de projectiles de gros calibre."
Le 13 septembre 1914, le 338e R.I. franchit l’Aisne :
"Le régiment passe l’Aisne et bivouaque dans la plaine sans feux et sans lumière à 1 kilomètre environ de l’Aisne. La pluie toute la nuit et pas de café le matin au départ. Le régiment est très déprimé par la fatigue très augmentée par les circonstances atmosphériques défavorables ajoutées ajoutées aux efforts occasionnés par les opérations depuis plusieurs jours. (Evacués : 7)."
Le 14 septembre 1914, le 338e R.I. est à Bitry et Saint-Pierre-de-Bitry (entre Attichy et Vic-sur-Aisne), Autrêches et Puiseux (village de l’Oise, à ne pas confondre avec Puisieulx, commune de la Marne sur laquelle se situe le fort de la Pompelle) :
"à 18h30 le 338e R.I. reçoit l’ordre pour l’Honneur de la Division, de marcher vivement sur Tiolet en passant par Touvent et Puiseux déjà incendiés par les obus allemands." [le village de Tiolet ici cité ne semble plus exister aujourd’hui] Le cantonnement se fait à Moulin-sous-Touvent, environ 5 km au nord d’Attichy.
Le 15 septembre 1914, le 338e R.I. est dans les ravins entre Moulin-sous-Touvent, Puiseux et Autrêches : "Au débouché du ravin, au moment où il prend sa formation déliée pour la marche d’approche, le 338e est accueilli par une pluie d’obus qui rendent sa marche difficile et occasionnent des pertes. Le 6e bataillon qui marche derrière le 5e reçoit une avalanche qui l’oblige à rester assez longtemps sans progresser sous l’orage."
Le 17 septembre 1914, le 338e R.I. est toujours à Moulin-sous-Touvent : "C’est la 5e journée consécutive de bivouac pour le régiment et par suite de la pluie de la journée et du froid de la soirée les hommes sont très fatigués et il y a de nombreux malades (22 Blessés – 11 évacués)."
Le 20 septembre 1914, certaines compagnies épuisent toutes leurs munitions et le 5e bataillon se trouve à l’est de Tracy-le-Mont 8 km au nord-est d’Attichy) : "Entourés de toute part, ils doivent se faire une percée à la baïonnette dans les lignes ennemies et le bataillon se replie lentement vers Moranval où il sait que se trouve le régiment. [Moranval se situe 5 km au nord-est d’Attichy] Il y arrive vers 17 heures. Ses pertes sont grandes : une compagnie, la 20e (…), a disparu."
Le 21 septembre 1914 : "Pendant cette journée lutte intense de l’artillerie ; une violente canonnade se fait entendre presque toute la journée, arrosant presque sans interruption tout le terrain que nous occupons et en particulier les fermes (…) de Moranval qui sont même incendiées par des obus. (…) Pas de vivres distribués ce jour ; pas d’eau pour la cuisine et pour la boisson, mais en revanche une pluie diluvienne et glaciale."
Le 22 septembre 1914 : "Pendant toute la nuit l’on veille en attendant toujours les deux divisions annoncées qui n’arrivent pas. Nous sommes toujours seuls et sans soutien. La nuit est très froide et humide et il n’y a pas eu de distribution la veille au soir. Au jour la situation est toujours stationnaire. Suivant un ordre émanant de la division par suite du mélange des unités, le terrain occupé par la division est divisé en deux secteurs et par suite le 5e Bataillon n’est plus sous le commandement du 338e, ce bataillon n’étant plus dans ce secteur. Une réserve évaluée à deux compagnies environ est constituée en arrière du 6e Bataillon (…) en avant du bois d’Offémont. [le bois d’Offémont se situe à environ 5 km au nord-ouest d’Attichy] Cette réserve est formée d’éléments raccolés provenant des 263e et 278e. Pendant toute la journée le tire d’artillerie allemande est très violent. Notre artillerie répond faiblement. Vers le soir un renseignement d’aviateur signale deux rassemblements d’Infanterie au S.O. et au S. des Loges et l’autre vers Puiseux. Un autre renseignement signale des forces ennemies passant par groupes de Touvent dans le ravin de l’Arbre."
Le 23 septembre 1914, l’ordre d’opérations indique : "(…) Tout le reste de la 62e Division doit rester dans ses tranchées, les hommes face en arrière et les armes déchargées ou désarmées afin d’éviter tout accident. "
Le 24 septembre 1914, le J.M.O. du 338e décrit ainsi les événements :
"Au jour les deux bataillons quittent la carrière pour aller organiser défensivement cette position face au N.E.
Les 4 compagnies du 6e Bataillon doivent construire des tranchées, la gauche au ravin d’Offémont, la droite à la route de Tracy-le-Mont à Attichy. Deux compagnies du 5e Bataillon doivent prolonger ces tranchées à droite en faisant un crochet défensif face à l’est. Le génie prête les outils pour exécuter ces travaux.
Mais à peine les compagnies veulent-elles quitter leur formation de rassemblement pour se porter sur leurs positions qu’une grêle d’obus tombe sur toutes les crêtes et sur le front même de carrière.
Le Général de Division prescrit de placer le régiment à l’abri dans le ravin profond au sud des carrières et de ne commencer que la nuit venue les ouvrages de fortification projetés et de les continuer pendant toute la nuit.
Vers 17h30 avis est donné que la 2e armée s’étant engagée à gauche contre le 21e Corps Allemand et le Corps Bavarrois il peut fixer l’ennemi devant nous. (…) Le 338e en réserve à la disposition du Général de Division porte un bataillon, le 6e, dans le ravin de la Cense. A 7h30 le combat cesse sans décision certaine et la bataillon revient à la carrière. - Pertes – Néant"
Le 25 septembre 1914 :
"Ordre est donné de continuer à 5h l’attaque dans les conditions fixées par l’ordre de la veille. (…)
A 6h30 l’ordre suivant est envoyé : « La 6e armée prononce dès 6 h une attaque sur Touvent et Moulin-sur-Touvent : la 112e Brigade à droite de la ligne (…) d l’Arbre-Puiseux, la 37e Division et la Brigade marocaine à gauche sous le bois Saint-Marc. (…) A 12h30 le 338e reçoit l’ordre de renvoyer un bataillon, le 6e, à la carrière, à la disposition du Général de Division, de laisser 2 Compagnies du 5e Bataillon à la Cense avec le Lieutenant Colonel et le reste du 5e Bataillon à la tête du ravin là où elles se trouvaient (le 5e Bataillon n’a que 3 Compagnies il ne peut donc laisser que une compagnie ; la 19e. Depuis le 14 septembre où elle avait été laissée en soutien de l’artillerie à la ferme de l’Arbre avec les 52e et 21e d’Artillerie, cette compagnie malgré l’ordre de rejoindre n’avait pas rejoint le Régiment et avait suivi l’artillerie de la ferme de l’Arbre à celle de Malvoisine, puis de Malvoisine à l’Arbre. Jusqu’à la nuit la situation n’ayant pas changée et l’attaque ne s’étant pas mieux dessinée, toutes le compagnies du régiment rejoignent la carrière. - Pertes – Néant – Gains – Arrivée du Capitaine Lehmann"
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