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Résistance P.T.T.

En mars 1943, un rapport du 2e Service Départemental de la Milice de la Charente en zone dite libre envoyé au siège de la Milice française à Limoges dénonce l’action favorable à la Résistance des P.T.T. à Saint-Laurent-de-Céris:

"Action des P.T.T.- Par circulaire plus ou moins secrète, l’administration des P.T.T. a pressenti tous les anciens commandants des unités militaires dissoutes pour qu’ils fassent entrer certains de leurs hommes dans une formation légale, officielle, ayant pour destination la remise en état de nos lignes télégraphiques et téléphoniques. Cet engagement qui est assimilé à un volontariat du travail, dispense ceux qui l’ont souscrit de la servitude du travail obligatoire et, par conséquent, leur évite le départ en Allemagne. Or, on ne peut pas supposer que des instructions verbales ont été données pour que seuls, soient touchés par les mesures d’exception ci-dessus, les éléments révolutionnaires et gaullistes de notre ancienne armée. A Saint Laurent de Céris, siège de l’ancien 30e B.C.P. ; les Deux meneurs communistes les plus actifs et les plus notoirement connus, GRACIEUX André et MARCEAU Lucien, sont déjà embauchés. L’effet moral et les conséquences pratiques résultant du non départ des miliciens sont ainsi neutralisés. Cette manœuvre est d’une habileté qui ne saurait nous surprendre de la part de l’administration des P.T.T. qui est bien de toutes les administrations, la plus cohérente et la plus active dans le cadre de la révolution rouge."

Publié par Joël Giraud dans le Bulletin des Amis du Vieux Confolens N°39-40, septembre-décembre 1991 / Copie du Fonds Vergeau légué aux Archives départementales de la Charente.

 

Dossier SHD Vincennes GR 16 P 266715 (non consulté) : André Gracieux, né le 21 décembre 1920 à Saint-Laurent-de-Céris, FFI.

Dossier SHD Vincennes au nom de Henri Lucien Marceau (non consulté) : né le 5 février 1918 à Crux-la-Ville (Nièvre), alias Joumiers, FFI.

Selon un témoignage de Raymond Dudouit (employé P.T.T.) datant de 1958 versé au dossier Résistance P.T.T. conservé aux Archives nationales, un lien pourrait être établi entre l’action des P.T.T à Limoges et le village de Grandmont à Saint-Sylvestre :

"Affecté en 1941, à Limoges, en qualité de chef du centre d’entretien des câbles téléphoniques à grande distance de la région de Limoges. Notre but principal était la réparation de ces câbles qui avaient une aussi grande importance pour les allemands qu’ils pouvaient en avoir pour nous en 39-40 et en 44-45.

Je fus contacté en juillet 1943 par 2 personnes de la résistance du groupement M.U.R. Mis en confiance après plusieurs réunions, tenues chez une de ces personnes, qui était à cette époque cafetier, j’adhérai à ce groupement dont le chef régional était Monsieur Gaston Hyllaire.

D’autre part fin 1943 je me confiais également à Monsieur Hanff Ingénieur en Chef des PTT dont le bureau était situé dans le même immeuble que notre centre. Mr Hanff était en liaison avec le chef du service des renseignements du M.U.R. Monsieur Pradet et avec Monsieur Baylot, à qui je fus présenté au cours d’une entrevue.

Messieurs Hanff et Pradet furent malheureusement arrêtés en février 1944 et fusillés à Brantôme en mars 1944.

J’ai donné des renseignements sur les plans des câbles qui intéressaient toute la région et déterminé avec les responsables, les coupures sur tous les câbles en des points bien définis à opérer au moment du débarquement allié. – Renseignements sur l’utilisation par les allemands, des circuits téléphoniques.

Le 6 juin 1944, tous les câbles à grande distance furent coupés suivant le plan prévu sauf le câble Angoulême-Limoges qui ne fut coupé que le 9 juin. C’est ce jour que j’avais décidé, de rejoindre le maquis de l’A.S. au plateau de Millevaches. J’entraînai les gens de mon équipe après les avoir décidés et nous partîmes avec les voitures du centre (camionnette et camion) réserve d’essence et les plans des câbles.

Le hasard voulut que nous nous arrêtâmes dans un camp qui s’organisait et dont un des chefs était une des premières personnes qui m’avait contacté en 1943 et que je n’avais pas revu depuis un mois. Ce camp était organisé à côté d’Ambazac dans les bois et l’Etat-Major s’était installé dans le petit village de Grandmont. Nous fûmes d’autant mieux accueillis que nous avions un camion qui servit pour tous les parachutages. D’autre part nos tentes et nos bâches permirent d’abriter, dans les bois, dès les premiers jours, quelques 80 personnes.

Ce maquis, possesseur d’appareils émetteurs et récepteurs, était en liaison directe avec Londres, qui envoyait outre des armes (mitraillettes et fusils-mitrailleurs) des subsides permettant le ravitaillement.

Un standard téléphonique que nous allâmes chercher dans un bureau de poste nous permit de compléter l’installation téléphonique qui reliait d’autres petits camps (situés) à quelques kms de ce camp de Grandmont. Discipline du camp assez sévère et ma foi bien admise par tous. Une section de gendarmerie (de La Jonchère, autant que je me rappelle) était venue nous rejoindre. Quelques accrochages avec les miliciens qui ont occupé pendant quelques temps Ambazac.

Le camp fut attaqué par les allemands le 3 août 44 et nous eûmes à déplorer 7 morts dont le commandant Denais et le capitaine Simon. Les allemands avaient encerclé toute la région comprise entre Ambazac – La Jonchère – Saint-Léger-la-Montagne. Le petit village de Grandmont fut en partie détruit. Nous ne pouvions résister longtemps devant les auto-mitrailleuses allemandes et la retraite s’effectua dans les bois. Le regroupement si fit quelques jours plus tard et s’efforça d’harceler des petites colonnes allemandes qui commençaient à battre en retraite vers le Nord.

Je rentrais à Limoges le 15 août avec mon équipe mais sans matériel qui avait été brûlé dans une grange de Grandmont lors de l’attaque. Les câbles n’avaient jamais été réparés depuis notre départ. A cette date, j’ai pensé que je servirai plus utilement en rétablissant les câbles que de continuer dans les F.F.I. - J’allais donc demander du matériel et un camion aux Ingénieurs des PTT de Limoges – La ville était encore occupée par les allemands.

Le 17 août nous commencions par rétablir le câble Angoulême-Limoges à Aixe-sur-Vienne et en même temps faire une dérivation clandestine à Séreilhac qui reliait le P.C. régional C.R.A. à la caserne de visitation (lettre de félicitations du Colonel Rousselier Commandant la 12e région militaire). Le 21 août 1944 Limoges était libéré par les F.F.I.

Le rétablissement des câbles devenait pour nous notre principal objectif."

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